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De paire-éducatrice à enseignante : le parcours engagé de Grace

1 August 2022

Une histoire de codéveloppement rédigée avec la collaboration de Maguy Mayaza Dimandja, conseillère en participation communautaire du projet ASSK, lequel est réalisé en partenariat avec le gouvernement du Canada. 


En République démocratique du Congo (RDC), bon nombre de jeunes n’ont pas accès à une information complète et de qualité en matière de santé sexuelle et de la reproduction.  Heureusement, des personnes comme Grace s’impliquent activement pour changer la donne.

Depuis 2019, cette paire-éducatrice devenue enseignante d’éducation à la vie familiale a permis à des centaines d’adolescentes et adolescents d’acquérir les connaissances nécessaires pour prendre des décisions éclairées en matière de sexualité.

Lorsque nous l’avons croisée pour la première fois, Grace était élève dans une école de la zone de santé de Maluku 2. Nous cherchions alors à impliquer des jeunes comme elle dans les activités de pair éducation* du projet ASSK. 

Réalisé avec l’Unité de santé internationale (USI), ce projet d’appui au système de la santé de Kinshasa vise entre autres à améliorer la santé et les droits sexuels et reproductifs des adolescent·e·s. La pair éducation constitue à ce titre une approche de choix afin de prévenir plusieurs problématiques rencontrées par cette tranche particulièrement vulnérable de la population, comme les infections sexuellement transmissibles, les grossesses précoces et la violence dans les relations amoureuses 

Immédiatement interpellée, Grace a accepté avec enthousiasme le rôle qu’on lui proposait. Pour elle, il était tout naturel de s’impliquer afin d’aider ses camarades à adopter des comportements sains et responsables en matière de santé sexuelle et reproductive. 

Au cours des formations offertes par le projet ASSK, en collaboration avec le Programme national de santé des adolescents de la RDC, Grace et 133 autres jeunes ont pu parfaire leurs connaissances et développer les compétences requises pour sensibiliser, orienter et soutenir leurs paires sur un vaste éventail de thématiques.  

« Après cette formation, j’ai réalisé plusieurs sensibilisations et causeries éducatives à mon école et dans des communautés avoisinantes qui ont été appréciées. Plus tard, lorsqu’il y a eu une ouverture de poste dans une école, on m’a sollicitée pour devenir enseignante d’éducation à la vie familiale. J’ai été soumise à un test de niveau avant d’être confirmée comme enseignante en 2021 », nous explique Grace avec fierté. 

Ce nouveau rôle ne l’éloigne pas pour autant du projet ASSK, bien au contraire!

Avec un diplôme d’état en poche, Grace continue d’être une agente de changement importante dans le cadre du projet ASSK : elle est maintenant mentorée par ses anciens enseignant·e·s d’éducation à la vie familiale, lesquels font partie des 32 personnes accompagnées afin de mieux intégrer les différentes thématiques de la santé sexuelle et reproductive dans leurs cours destinés aux 13 à 19 ans.  

Couplé à son bagage de pair éducatrice, cet appui permet à Grace de sensibiliser ses élèves à des sujets qui les concernent directement, incluant la puberté, le genre et les discriminations sexistes, la planification familiale et plus encore. 


La prévention, une composante essentielle des services de santé sexuelle et reproductive 

Les plus récentes enquêtes démographiques et de santé présentent un portrait inquiétant de la situation en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive des jeunes Congolaises et Congolais. En 2016, le ministère de la Santé publique rapportait qu’une forte proportion des adolescentes et adolescents entretient des rapports sexuels précoces et leur recours aux préservatifs demeure faible : seulement 22,4 % des adolescentes et 26,5 % des adolescents utiliseraient un préservatif lors des rapports sexuels à haut risque.  

Les efforts en matière de prévention s’avèrent donc capitaux pour qu’un maximum d’adolescentes et d’adolescents puisse prendre des décisions éclairées et adopter de bonnes habitudes de protection pour soi et pour l’autre. Ceci inclut l’accès à des informations sur les services de santé qui leurs sont destinés.  

À ce titre, autant les personnes impliquées dans la pair éducation que dans les cours d’éducation à la vie familiale sont des actrices incontournables pour créer un pont entre les centres de santé et les adolescent·e·s, afin que ces derniers puissent recourir aux services de santé sexuelle et reproductive dont ils ont besoin au moment opportun. 

Sans l’engagement de Grace et de centaines d’autres membres des communautés de la province de Kinshasa, Santé Monde, l’USI et leurs partenaires du projet ASSK ne pourraient arriver à d’aussi beaux résultats : depuis 2018, plus de 300 activités de sensibilisation ont été réalisées par les pairs éducatrices et éducateurs et au-delà de 41 000 cas d’infections sexuellement transmissibles ont été traitées chez les jeunes des zones appuyées par le projet. 


La pair éducation part du principe que les jeunes aiment apprendre de personnes qui leur ressemblent, qui partagent les mêmes vécus et font face à des enjeux et préoccupations similaires en lien avec diverses thématiques, incluant la santé sexuelle et reproductive, comme c’est le cas dans le cadre du projet ASSK.  

Ainsi, l’approche de pair éducation de Santé Monde mobilise les adolescent·e·s dans une démarche axée sur le dialogue. Valorisant l’acquisition d’un savoir-être et d’un savoir-faire centré sur l’animation inclusive, les pairs sont ainsi en mesure de transmettre des messages, susciter des discussions sécuritaires portant sur des sujets délicats et orienter les personnes vers les ressources compétentes de leur communauté chaque fois que nécessaire.  

Les pairs sont de véritables allié·e·s pour le changement social dont les compétences sont précieuses bien au-delà de nos projets !