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3 décembre 2025
Une femme franchit la porte d’un centre de santé. Il lui a fallu des mois pour trouver le courage. Avant, elle aurait dû naviguer seule entre des services dispersés, répéter son histoire dix fois, peut-être abandonner. Aujourd’hui, les bases d’un réseau coordonné se mettent en place pour l’accueillir : soins immédiats, soutien psychosocial, orientation juridique et économique. Un parcours intégré. Une vision ambitieuse qui prend forme.
En Afrique de l’Ouest, trop de personnes victimes/survivantes de violences basées sur le genre abandonnent leur démarche avant d’obtenir l’aide nécessaire. Services difficilement accessibles, coordination inexistante, stigmatisation : les obstacles s’accumulent au pire moment.
Depuis 2021, le projet PLURIELLES et ses partenaires construisent un parcours d’accompagnement complet au Bénin, au Burkina Faso et au Mali. Sensibilisation communautaire, soins essentiels, accompagnement psychosocial, accès à la justice et autonomisation économique – ces services ne fonctionneront plus en silos. Les parties prenantes apprennent à collaborer, se coordonner efficacement et à assurer un suivi centré sur les besoins de chaque personne. Le continuum prend forme.
Déjà, plus de 30 000 personnes en ont profité. Certaines ont bénéficié d’un accompagnement complet, d’autres ont participé aux activités de prévention et d’information. Des milliers ont reçu des soins de santé, et des centaines ont gagné une plus grande autonomie économique ou ont engagé des démarches pour faire valoir leurs droits.
Cette approche holistique est portée par un consortium canadien aux expertises complémentaires : Santé Monde pour la santé et les droits sexuels et reproductifs, Avocats sans frontières Canada pour l’accès à la justice et Socodevi pour l’autonomisation économique. Avec le soutien d’Affaires mondiales Canada, nous mobilisons un vaste éventail de partenaires locaux pour transformer des services fragmentés en système cohérent.
Mettre en place un continuum de services demande plus que de la volonté : il faut réhabiliter des centres de santé, harmoniser des pratiques, former des centaines de profesionnel·le·s, créer des circuits de référencement fiables et convaincre des acteurs qui n’avaient jamais travaillé ensemble. Chaque pays a ses réalités, ses résistances, ses contraintes et ses opportunités. C’est ce travail de fond qui rend le changement possible.
Le continuum commence dans les communautés. Des pair·e·s éducateur·trice·s et des associations locales, dont plusieurs organisations de défense des droits des femmes, mènent des sensibilisations sur la santé sexuelle et reproductive, les droits et la prévention des violences. Plus de 5 700 personnes nt été sensibilisées aux masculinités positives : elles apprennent à reconnaître les signes de violence, remettre en question les normes néfastes et adopter des comportements sains.
« La masculinité positive ne m’a pas enlevé ma force, elle m’a donné une force nouvelle : celle d’être pleinement moi-même, sans masque », témoigne CK, un Burkinabé fier d’être devenu un modèle d’écoute et de respect au sein de sa famille.
Ce travail de prévention transforme les normes sociales pour réduire les violences à la source et donne aux membres des communautés – en particulier aux femmes et adolescentes – les outils pour protéger leur santé, défendre leurs droits et savoir vers où se tourner en cas de besoin.

Au Burkina Faso, une séance sur la gestion financière au sein du couple réunit la coopérative Munyu. Parce que prévenir la violence, c’est aussi parler d’argent et d’égalité.
Le centre de santé est souvent le premier endroit où une personne victime/survivante ose demander de l’aide, mais ce n’est pas la seule porte d’entrée. Peu importe où elle cogne – une organisation de femmes, un poste de police, un relais communautaire – elle doit recevoir le même accompagnement coordonné. Au centre de santé, elle bénéficie de soins immédiats et d’une écoute sans jugement. Puis, selon ses besoins, le réseau s’active : accompagnement psychosocial, orientation juridique, information sur les coopératives féminines… Des protocoles multisectoriels visent à garantir que chaque maillon de la chaîne sait quoi faire et qui contacter.
Depuis le début du projet, plus de 300 acteurs et actrices de différents secteurs ont été formés spécifiquement pour renforcer ces liens et des cadres de concertation se mettent en place pour assurer une mise en œuvre efficace et durable.
« Au-delà de l’aide juridique, on m’a apporté un soutien émotionnel et psychologique inestimable. Je me suis sentie en confiance, pleine d’espoir, convaincue que je n’étais pas seule », raconte une Béninoise soutenue par une organisation partenaire de PLURIELLES.

Un groupe de prestataires de soins participe à une formation sur les soins d’urgence. En plus des compétences cliniques, les questions de confidentialité, d’écoute et de référencement sont au cœur des apprentissages !
Au Bénin, des forums départementaux réunissent police, personnel de santé, services sociaux et points focaux pour une réponse coordonnée. Les numéros sans frais circulent dans les communautés pour faciliter les signalements et les référencements. Même les structures de santé non appuyées par PLURIELLES offrent les premiers soins et appliquent les protocoles.
Au Burkina Faso, les groupements féminins partenaires du projet adoptent des chartes d’engagement garantissent un accueil respectueux des victimes/survivant·e·s. Les femmes accèdent à des formations professionnelles et à des ressources économiques. Pour plusieurs d’entre elles, cette autonomie, c’est le pouvoir de décider pour soi.
Au Mali, des cliniques juridiques mobiles, et une application « 0 VBG » pour signaler les violences basées sur le genre et accéder à de l’aide en temps réel rejoignent de plus en plus de personnes. Autant d’outils qui rendent la justice et la protection plus accessibles pour les femmes et les adolescentes, même dans les zones reculées.
Après plus de quatre ans d’action, PLURIELLES change la donne. Dans des contextes fragiles, le projet brise les silos, instaure la confiance entre secteurs et favorise la coordination entre santé, justice et autonomisation économique.
Ces avancées sont le fruit d’un travail patient et collectif :
PLURIELLES terminera ses activités en 2027 et l’équipe de Santé Monde, Avocats sans frontières Canada et Socodevi prépare déjà la suite. Car l’objectif n’est pas seulement de répondre à une urgence. C’est de changer des systèmes et donner aux communautés les moyens de poursuivre le travail. Les accords gouvernementaux, les formations données, les bonnes pratiques adoptées, les réseaux tissés, les engagements pris en faveur du continuum : tout cela doit être consolidé pour que cette vision collective devienne une réalité durable.
Parmi les 30 000 personnes qui ont été touchées par le continuum, il y a des femmes qui dorment enfin sans peur, des adolescentes qui prennent des décisions éclairées sur leur corps, des hommes qui choisissent le respect plutôt que la violence. Et autour d’eux, tout un réseau d’acteurs multisectoriels résolu à continuer de renforcer le continuum au Bénin, au Burkina Faso et au Mali.
PLURIELLES prouve qu’avec une approche intégrée, on peut transformer la douleur en résilience – et la résilience en pouvoir d’agir.
PLURIELLES vise le renforcement de la santé et des droits sexuels et reproductifs au Bénin, au Burkina Faso et au Mali. Il est mis en œuvre par Santé Monde, Avocats sans frontières Canada et Socodevi, avec le soutien d’Affaires mondiales Canada. Au total, 503 464 femmes et adolescentes sont concernées par ses activités qui vont bien au-delà du continuum de prévention et d’accompagnement holistique des violences basées sur le genre.
Apprenez-en plus :
santemonde.org/plurielles